26e, 27e et 28e étapes : Santa Fe - Ruidoso - White Sands National Park - El Paso - Marfa

Santa Fe (NM) – Ruidoso (NM)

314 km – 3h30

Samedi 22 octobre 2022

Il est temps de quitter Santa Fe ! Je suis quand même resteé cinq nuits en tout, mais jamais le temps ne m’a semblé long. Avant de partir, les gens de l’hôtel m’ont demandé si j’avais fait un tour sur Canyon Road où se trouvent toutes les galeries (ou presque). J’ai pensé que ma culture en profiterait, et comme c’était juste à côte, je suis parti, appareil de photo en bandoulière. Je n’ai pas été déçu. L’art y est parfois surprenant, mais d’après mes renseignements, les prix sont à la hauteur de ma surprise ! Je vous laisse jugé !

Vous ne serez pas surpris pas si je vous dis que je n’ai rien acheté !

Je me mets finalement en route.

Bernard m’a parlé d’un endroit, dans le sud du Nouveau-Mexique, appelé Ruidoso et il me dit, je cite, « le seul hôtel où on peut descendre ». Je lui ai fait confiance. La route pour arriver à Ruidoso nous a fait passer, une fois encore par Madrid (NM), mais rassurez-vous cette fois, je ne me suis pas arrêté et donc vous n’aurez pas de nouvelles photos !

De Santa Fe à Ruidoso, pas un moment je n’ai emprunté d’autoroutes / freeways, je ne suis passé que par des petites routes traversant le Nouveau-Mexique : ces routes sont étroites, désertes et traversent des paysages incroyables et des villes, plutôt des bourgs, déserts.

Autre attraction de la route, les trains ! Ils sont longs de près de deux kilomètres, tractés par quatre à cinq locomotives et doivent se traîner à soixante kilomètres à l’heure. Ce sont essentiellement des trains de marchandise. Ils sont impressionnants. J’ai eu la chance d’en voir passer un, juste après avoir traversé les voies. On les entend arriver de loin, avec leur klaxon tellement particulier.

Dans ce pays, tout est grand, on le sait, mais il se trouve que malgré bientôt plus de cinq semaines que je sillonne ce pays, je reste surpris. Nous avions vu avec Edmond des trains d’une grande longueur au Nevada et en Arizona, mais en voir passer un sous les yeux, avec les vibrations et le klaxon tout près, permet de bien saisir la dimension de ces trains.

Après une route tout à fait remarquable, je traverse Ruidoso et arrive à l’Inn of the Mountain Gods où j’avais décidé de passer trois jours. Ce n’est finalement qu’un casino exploité par les Indiens Apache et, après avoir traversé le lobby et vu ma chambre, j’ai cherché comment je pouvais changer mes plans pour partir le lendemain matin au plus vite !

Ces escaliers vous donnent une petite idée de ce qu’est l’Inn of the Mountain Gods. Et j’ai décidé de ne pas partir sans garder un souvenir photographique du « resort » !

J’ai oublié de dire qu’il pleuvait et qu’il faisait froid, près de 10°, à deux mille deux cents mètres d’altitude. Brrr…

Ruidoso (NM) – White Sands National Park (NM) – El Paso (TX)

263 km – 2h50

Dimanche 23 octobre 2022

Au programme de la journée, quitter cet hôtel merveilleux et me diriger vers El Paso, étape en direction de Marfa (TX) avec, au programme, un détour par le White Sands National Park, célèbre pour ses unes de sable blanc.

Vous avez bien sûr tous entendu parler du White Sand Missile Range, qui se trouve à côté du parc. En fait, le parc est une toute petite partie du Missile Range, celui-ci s’étendant sur près de cent cinquante kilomètres vers le Nord. Pourquoi en auriez-vous entendu parler ? Parce que le 16 juillet 1945 eut lieu la première explosion nucléaire du monde, dans le cadre du projet Manhattan dont je vous ai déjà parlé (Little Boy et Fat Man). Placé au sommet d’une tour de trente mètres, Gadget explosa dans le désert du Nouveau-Mexique à cinq heures trente le matin. Gadget avait une puissance de dix-huit kilotonnes d’équivalent TNT. Little Boy n'avait qu'une puissance de quinze kilotonnes et Fat Man de vingt et un kilotonnes. Ces trois explosions ont changé le monde. Le site du test, appelé par Oppenheimer Trinity, peut être visité deux fois par année sur demande auprès du Département de la Défense. Le site est encore radioactif.

La visite du White Sands National Park est libre pour autant que l’on s’acquitte des vingt-cinq dollars, prix d’entrée qui est le même dans tous les parcs nationaux américains.

Une petite anecdote encore avant de pénétrer dans le parc. À un certain moment, on doit tourner à droite, quittant la US 54, pour prendre la US 70 qui longe le Sud du parc, du Missile Range et de la base de l’US Air Force qui se trouve là, Holloman AFB, et, dès qu’on est engagé sur la US 70, on voit un grand panneau qui vous informe que lorsque les lumières clignotent, la route est fermée et que l’attente peut être d’une heure, le temps pour l'Air Force de tirer ses missiles ! Le militaire a encore un certain poids dans ce pays…

Ma visite à White Sands a été troublée par deux choses : d’abord, un vent violent soufflait, provoquant des tempêtes de sable qui, même s’il est blanc, sont très désagréables. Ensuite, photographier du sable aussi blanc, c’est comme photographier de la neige : il est très difficile de rendre un tel blanc aussi blanc ! J’ai fait de mon mieux !

Ces dames, du Texas, sont en voyage de noces !

S’aventurer sur les dunes sans de bonnes lunettes protectrices m’a semblé une mauvaise idée… Les quelques sorties que j’ai faites m’ont couvert de sable et je craignais pour mon matériel photo. Et inutile de dire que le seul fait d’ouvrir la porte de la voiture permit au sable de l’envahir ! Ce sable a vraiment la couleur de la neige, c’est impressionnant !

Le sable crissant sous mes dents, je reprends la route pour El Paso, une bonne heure de route, avec des bouts droits de trente à quarante kilomètres. Relaxant et rapide.

Je quitte enfin le Nouveau-Mexique, l’État dans lequel j’ai probablement parcouru le plus de kilomètres. Il faut dire que cet État est le cinquième plus grand des États-Unis : l’ordre est le suivant :

1. Alaska 1'717'854 km2

2. Texas 695'621 km2

3. Californie 423'970 km2

4. Montana 380'838 km2

5. New Mexico 314'915 km2

À titre de comparaison, la France métropolitaine a une superficie de 543'940 km2 et la Suisse de 41'285 km2. On parle d’autres dimensions.

Et le Texas ne devrait pas décevoir !

El Paso n’a rien de passionnant : c’est une des villes les plus sûres des États-Unis avec, de l’autre côté de la frontière Ciudad Juárez, la ville la plus dangereuse du Mexique. Paradoxe. De toute manière, arriver un dimanche soir dans une ville qu’on ne connaît pas pour y rester une nuit n’est pas la meilleure manière de découvrir une ville.

Une chose m’a cependant sauté aux yeux (il faut être aveugle pour ne pas le voir), c’est le drapeau mexicain qui flotte près de la frontière à Ciudad Juárez.

La photo vient d’internet

Le lendemain matin, quand je suis parti, il ne flottait plus. Et les Américains se sont retenus d’en mettre un identique de leur côté.

El Paso (TX) – Fort Davis (TX) – Marfa (TX)

354 km – 3h30

Lundi 24 octobre 2022

Je quitte donc El Paso, sans voir le drapeau mexicain, mais ne pouvant manquer de remarquer la présence permanente des Border Patrols, par l’Interstate 10, celle qui commence ou finit à Santa Monica et qui traverse Los Angeles, une 10 célèbre pour ses embouteillages.

Très vite, la 10 n’a plus rien à voir avec celle de LA : le trafic se réduit très rapidement à des camions (qui peuvent rouler jusqu’à 120 – 130 km/h.).

A Van Horne, je quitte l’Interstate pour prendre une fois encore une nationale finalement beaucoup plus intéressante en direction de Marfa. L’immensité du Texas saute aux yeux. Il y a dans cet État quelque chose de différent, une dimension que l’on ne trouve nulle part ailleurs, un sentiment d’être un État à part entière : on est d’abord Texan et, ensuite, Américain. Cela se remarque entre autres aux drapeaux qui flottent. Dans le reste des États-Unis, l’immense majorité des drapeaux qui flottent chez les particuliers sont drapeaux américains, que ce soit en New England ou dans les coins les plus reculés de l’Arizona.

Au Texas, le drapeau américain est quasiment toujours accompagné d’un drapeau texan. Pour ceux qui auraient oublié à quoi il ressemble, je vous fais une petite piqûre de rappel.

Il faut dire qu’il y a peu de drapeaux d'État qui soient marquants. En ce qui me concerne, je n'en connais que deux autres :

et le drapeau du Nouveau-Mexique (peut-être parce que j’y ai beaucoup roulé ?)

Revenons à ma route vers Marfa ! Elle montre une image un peu différente de l’Amérique triomphante de celle dont nous avons l’habitude, même si au fil des kilomètres, je me suis rendu compte que dans beaucoup d’endroits, en dehors des agglomérations et parfois même dans celles-ci, les gens vivent très petitement.

Heureusement, parfois, au milieu de nulle part, un bâtiment vient nous rappeler que finalement notre civilisation n’est jamais très loin !

Mythique, bien sûr ! Regardez où cela se trouve !

Sur la carte ci-dessus, vous voyez qu’il y a un lieu qui se nomme « Fort Davis » : il s’agit d’une ville qui se trouve à l’endroit où fut fondé en 1854 un fort sur la route San Antonio – El Paso et son nom est celui du Secrétaire à la Défense du Président Franklin Pierce, quatorzième président qui fut en fonction de 1853 à 1857. Il fut un Démocrate du Nord qui pensait que le mouvement abolitionniste était une menace pour l’unité de la nation. En signant un acte controversé, le Kansas-Nebraska Act, un de ces compromis qui ne résolurent rien, et en appliquant le Fugitive Slave Act de 1850, il contribua fortement au déclenchement de la Guerre de Sécession. On comprend que l’histoire n’ait pas retenu son nom !

Je prends donc la route de Fort Devis, une route qui serpente dans les collines, un vrai régal, quand je vois un panneau qui m’interpelle : une « winery » ! C’est vraiment quelque chose d’inattendu dans cette partie du Texas. Je m’engage sur la route qui mène à la winery et c’est ainsi que je découvre le domaine de Château Wright ! Il y a là une jeune femme que je comprends tellement plus facilement : elle est du Cheshire !

Je me lance dans une dégustation de cinq ou six vins qui, je dois le dire, me surprennent par leur qualité ! Je repars avec quelques bouteilles (dont je ne sais pas que faire…) et quelques photos inattendues.

Il s’agit du réservoir qui permet d’exploiter la Winery

Je continue jusqu’à Fort Davis, où il n’y a rien à voir et prends la route pour Marfa à quelques trente kilomètres de là.

A suivre !

PN/27.10.2022