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2e étape : Gettysburg (PA)

  • Photo du rédacteur: Pierre Nussbaumer
    Pierre Nussbaumer
  • 19 sept. 2022
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 sept. 2022


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Je ne suis pas un fanatique de l'histoire des batailles et celle de Gettysburg, qui a eu lieu du 1er au 3 juillet 1863 n'échappe pas à l'exception. Cele reste néanmoins un site historique, de ceux que j'aime visiter, comme je l'ai fait à Hiroshima ou à Dien Bien Phu.


C'est pourquoi ce post risque d'être un peu long dans son texte : j'ai essayé succinctement d'expliquer comment le Nord et le Sud en sont arrivés là.


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Gettysburg - quelques canons


Avant de parler de la bataille de Gettysburg, il me semble essentiel de remettre cette bataille dans son cadre général, celui de la Guerre de Sécession, comme nous l’appelons, ou de la « Civil War » selon l’appellation des Américains.


Ce ne fut pas la guerre du Nord contre le Sud pour la suppression de l’esclavage, même si ce dernier est la cause réelle du conflit.


L’esclavage est un sujet de tension permanent au sein de la nouvelle Union. La Constitution, lors de son approbation, ne supprimait pas l’esclavage. Afin d’obtenir l’accord des États du Sud, esclavagistes, à la Constitution, les rédacteurs de cette dernière n’ont fait aucune allusion à l’esclavage, sauf lorsqu’il s’agit de déterminer le nombre d’habitants par État, nombre qui va à son tour déterminer le nombre de représentants au Congrès de chaque État. Comme les esclaves ne sont pas blancs, ils ne comptent normalement pas, ce qui désavantage les États du Sud. Quand on sait que certains États (Caroline du Sud, Mississippi) finiront par avoir plus de 50% de leur population composée d’esclaves noirs (en 1860, certes), on comprend qu’en 1787, le nombre d’esclaves jouait déjà un rôle important dans l’estimation de la population d’un État et, de là, de son poids politique. C’est finalement James Wilson, de Pennsylvanie, qui proposa le compromis suivant : on finira par compter les esclaves pour les trois cinquièmes et on ajoute ce chiffre à la population blanche. Ce principe figure dans la Constitution (art. I, section 3) et est un merveilleux exemple d’occultation : jamais le nom d’esclave n’est mentionné dans la Constitution qui utilise des périphrases comme les « autres personnes ».


De compromis en compromis, les États-Unis n’ont jamais abordé le fond du problème de l’esclavage.


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Gettysburg - une baraque


Le premier compromis eut lieu, une fois encore, lors de la rédaction de la Constitution. Comment traiter le problème de la traite des esclaves ? Les États du Sud sont favorables à ce commerce extérieur et prônent la liberté, alors que les États du Nord et du centre veulent que ce soit au Congrès de légiférer en la matière. Finalement, le compromis consistait à reconnaître au Congrès le droit exclusif de réglementer le commerce avec l’étranger et entre les États (donc, entre autres, le commerce des esclaves) en échange de la reconnaissance de la traite pendant vingt ans, soit jusqu’en 1808.


Mais, en histoire, vingt ans, c’est court !


Dans le cadre de l’expansion territoriale des États-Unis, le Congrès maintient un certain équilibre en acceptant chaque fois un État libre et un État esclavagiste. Cela fonctionne jusqu’en 1818 : après l’entrée de l’Illinois cette année, il y a dix États esclavagistes et onze États libres. En 1819, l’Alabama rentre dans l’Union, rétablissant ainsi l’équilibre. Une année plus tard, le Missouri, État géographiquement du Nord, mais peuplé de gens venant du Kentucky et du Tennessee à forte couleur esclavagiste, demande son entrée dans l’Union. Cela risque de répandre l’esclavage vers le Nord. Les esclavagistes mettent une forte pression pour faire partager leur thèse et, comme le Congrès est divisé entre une chambre des Représentants à majorité antiesclavagiste et un Sénat favorable à l’esclavage, la situation est tendue.


Henry Clay, Sénateur du Kentucky, propose un compromis, afin que les décisions ne se prennent plus dans l’urgence. Le Missouri est accepté comme État esclavagiste et le Maine, dont le territoire est détaché du Massachusetts, comme État libre. Et il est aussi décidé de tirer une ligne imaginaire sur la carte à la hauteur du 36° 309 de latitude : au nord de cette ligne, pas d’esclavage. On appelle ce compromis le compromis du Missouri.


Comme compromis, il ne satisfait personne. Jefferson, qui mourra en 1826, y entend « le tocsin annonçant l’incendie au milieu de la nuit qui sonne le glas de l’Union ». De plus, ce compromis crée un clivage géographique en plus des clivages politiques.


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Comme vous le savez, les Américains aiment rejouer les scènes de batailles...


Le compromis du Missouri a tenu trente ans et il a permis de gérer le développement territorial extraordinairement des années 1840. Jusque-là, les États rentraient par deux, un esclavagiste et un libre. Mais, dès 1840, à la suite des conquêtes US au détriment du Mexique, que va-t-il se passer si des territoires qui se trouvent au sud de la fameuse ligne 36° 308 veulent devenir des États libres ? Et, dans le Sud, la situation devient tendue : vers 1850, les sept millions de la population blanche du Sud se sentent menacés par les trois millions d’esclaves noirs.


Quand, en 1949, la Californie décide de rejoindre l’Union comme État libre et met un terme au compromis du Missouri, une fois encore, un nouveau compromis doit être trouvé, sous l’impulsion de Henry Clay, toujours lui : c’est le compromis de 1950.


La Californie est acceptée dans l’Union comme État libre ; le commerce des esclaves est supprimé à Washington D.C. (mais pas l’esclavage) ; le Nouveau-Mexique et l’Utah décideront démocratiquement de leur politique et, finalement, pour régler ou tenter de régler le problème des esclaves fugitifs, le « Fugitive Slave Act » de 1850 est voté par le Congrès au terme duquel les esclaves repris sont rendus à leurs maîtres, même s’ils sont capturés dans des États libres.


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Gettysburg - la plaine est très belle


Ce compromis ne tint que quelques années, quatre pour être précis. Sous l’impulsion de Sénateur de l’Illinois Stephen Douglas, un accord est trouvé en 1854. Chaque état décide démocratiquement et souverainement de sa politique concernant les esclaves. De facto, la fameuse ligne de démarcation 36° 30 devient caduque, ce qui convient au Sud. Les deux premiers États à se prononcer sont le Kansas et le Nebraska. La situation devient tellement tendue que les partis éclatent : dans chaque parti, il y a une section pro et une section anti, que ce soit au Sud ou au Nord.



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Le Général Meade de l'Armée du Potomac


Dans un tel contexte, l’élection de Lincoln à la Présidence en 1860 met le feu aux poudres. Lincoln, antiesclavagiste, élu surtout avec les voix du Nord n’est pas accepté dans le Sud. La Caroline du Sud déclara le 20 décembre 1860 que l’Union était dissoute. Le Mississippi suit le 9 janvier 1861, ensuite la Floride le 10, l’Alabama le 11, la Géorgie le 19, la Louisiane le 26 et le Texas le 1er février. Réunis le 4 février 1861 à Montgomery dans l’Alabama, ces sept États forment les États confédérés d’Amérique. D’autres États attendent les événements de Fort Sumter pour rejoindre les Confédérés : la Virginie le 17 avril, l’Arkansas le 6 mai, le Tennessee le 9 mai et la Caroline du Nord le 20 mai. Quatre États esclavagistes (border states) resteront fidèles à l’Union : le Maryland, le Delaware, le Kentucky et le Missouri, bien que ces deux derniers États fourniront soldats et munitions aux Confédérés.


Dans son discours d’investiture du 4 mars 1861, Lincoln précise bien que son but essentiel et de préserver l’Union et non de mettre un terme à l’esclavage. L’argument de Lincoln est que l’Union précède la Constitution et dès lors, aucun État ne peut quitter l’Union unilatéralement. Toute scission est nulle et non avenue et tout acte de violence est insurrectionnel et révolutionnaire. Lincoln ne peut que faire la guerre pour protéger l’Union. Ce qu’il fit.


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Il n'y a pas d'âge pour visiter...


Revenons rapidement sur Gettysburg. En 1862 déjà, le Général Lee, Commandant en chef des forces confédérées, officier extrêmement capable, avait voulu envahir le Nord pour couper l’approvisionnement des armées unionistes. Les Confédérés sont arrêtés le 30 juin 1862 à Antiatam, bataille qui fit plus de vingt-trois mille morts en une journée.


Une année plus tard, Lee tente la même opération et cette fois c’est à Gettysburg que tout se joue, sur trois jours. Cette bataille implique cent mille soldats unionistes et soixante-quinze mille soldats confédérés. Après trois jours, elle laisse plus de cinquante mille morts sur le terrain ainsi qu’un nombre incalculable de blessés dont le sort était peu enviable. Quatre ans après la bataille de Solférino, les principes de la Croix-Rouge d’Henry Dunant ne sont pas encore partout pris en compte.


Cette bataille met un terme aux tentatives de Lee d’envahir le Nord et est considérée avec la chute de Vicksburg sur le Mississippi le 4 juillet de la même année, le point tournant militairement de la guerre de Sécession.


Le 31 janvier 1965, le Congrès passe le 13e amendement de la Constitution, abolissant l’esclavage sur tout le territoire des États-Unis.


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Les canons ont fini par se taire !


Depuis Gettysburg, j'ai repris la route pour rejoindre Pittsburg : près de quatre heures de trajet : c'est grand, l'Amérique. Je débarque au Fairmont Hotel en plein centre et, avec l'aide de Kurt, le mari de Barbara, qui semble bien connaître Pittsburg, je vais dîner dans un excellent restaurant : le Poulet Bleu. Je me suis trouvé confronté à une autre Amérique que celle que nous connaissons, celle de New York, Washington, Los Angeles, Miami et j'en passe.


Après une nuit jetlaguée, je veux aller prendre mon petit-déjeuner "en-bas". Quand j'arrive au restaurant, un jeune homme me dit que c'est complet et qu'il faut que je revienne à 10h00 (il était 8h30...). Je râle, je demande le manager qui, quand je lui ai rappelé trois fois que j'étais client de l'hôtel, il a fini par me dire "Follow me". Ce que j'ai fait, pour trouver la salle de restaurant comme cela :


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Et, en plus, le petit-déjeuner était mauvais...


Prochaine étape : Détroit


PN/19.09.2022

 
 
 

2 commentaires


martiguy
19 sept. 2022

Petites erreurs de dates : la Californie relie l'Union en 1849 (et non 1949). Même erreur à propos du compromis de 1850 et de la décision du Congrès en 1865. Sinon : c'est fou ce que l'on apprend en te lisant !

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nicolas.nussbaumer
19 sept. 2022

Bravo 🚙 Timothé

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