5e étape : Chicago (IL) - 2ème !
- Pierre Nussbaumer
- 26 sept. 2022
- 2 min de lecture
Pour mémoire, la rivière Chicago :

Ne parlez pas d’Al Capone aux habitants de Chicago, vous auriez aussitôt droit à un soupir. Non pas que le célèbre gangster (1899-1947) qui corrompait le maire et la police au temps de la Prohibition soit renié : « Scarface » (« le balafré »), finalement envoyé sous les verrous pour fraude fiscale, participe à la légende de la ville, mais son personnage ne saurait la symboliser à lui seul.
Car Chicago a tant d’autres légendes. Le grand incendie de 1871, qui, en réduisant la ville en cendres, permit, avec l’invention de l’ascenseur, la construction du premier gratte-ciel et la reconstruction de la ville, bientôt la plus élégante des États-Unis. La ville noire, celle de Martin Luther King et d’Obama, mais qui reste une des villes les plus ségréguées des États-Unis, prisonnière de la guerre des gangs dans les quartiers sud, avec sept cent quatre-vingt-dix-sept homicides en 2021.

Dans l’esprit de chacun, Chicago est la ville du lac Michigan, grand comme la Bretagne et la Normandie, or celui-ci peut être brutal, ses vagues se brisant sur les rives de Chicago. L’atout de Chicago, c’est sa rivière éponyme qui a offert un port protégé et a ouvert les portes de l’Ouest.


Dans les années 1870, Chicago est devenu une métropole économique, son port le plus important des États-Unis devant celui de New York. Mais la ville a un défaut majeur : elle ne se situe qu’à un mètre au-dessus des eaux du Michigan, boueuses et insalubres, la rendant vulnérable aux innondations. Pour remédier à cette situation, les habitants de Chicago vont surélever leur ville : en janvier 1858, deux ingénieurs, James Brown et James Hollingswortth soulevèrent de deux mètres grâce à deux cents vérins un immeuble en brique, premier d’une série de cinquante et cela sans dommage pour les bâtiments.


Cependant, sous terre, les eaux polluées prennent la direction du lac et la croissance exponentielle de la ville – trente mille habitants en 1850, trois cent mille en 1870 et deux millions deux cent mille en 1910 – conjuguée au développement des abattoirs rendent la situation explosive : épidémies de typhoïde et de choléra se succèdent. Pour assurer une alimentation en eau salubre, la ville décide alors de pomper l’eau potable dans le lac, à plusieurs kilomètres et en profondeur. Cela ne suffit pas : durant les chaleurs écrasantes de l’été 1885 et, à la suite de pluies diluviennes, la catastrophe arrive, des inondations submergent la ville, et les eaux ruisselantes augmentent encore la pollution du lac, rendant le pompage d’eau potable de plus en plus aléatoire.
Une fois encore, après avoir surélevé la ville, les autorités de Chicago prennent une décision révolutionnaire et décident d’inverser le cours de la rivière. Pour cela, ils construisent des digues le long de la rivière et creusent un canal en contrebas de quarante-cinq kilomètres pour évacuer les eaux usées non plus vers le lac, mais vers le Mississippi. L’ouvrage, baptisé « canal sanitaire et maritime de Chicago » a été inauguré en 1900. Cela a fonctionné : les habitants de Chicago peuvent maintenant se baigner dans le lac Michigan. Si le lac Michigan a été sauvé, c’est aux dépens du Mississippi.
PN/25.09.2022
Une des plus belles villes des USA.